04/04/2021
Tarzanide n° 491
Nombreux furent les écoliers de ma génération feuilletant et re-feuilletant le titre TARZAN édité par Del Duca dans ses Éditions Mondiales. Il en commercialisa 102 numéros mensuels, le premier en février 1946 le dernier en 1952 (si j’en crois l’ Officiel BDM des années 2001-2002). Cependant beaucoup de nous autres gamins négligèrent de remarquer que le titre TARZAN faillit bien disparaître au profit d’une TARZELLA. Eh oui : la concurrence féminine, déjà ! … C’était avec le numéro 5 : une jolie blonde remplaçait soudainement le grand macho créé par Edgar Rice Burroughs en l’an 1912.
Cette jeune sauvageonne était créée dessinée par l’américain Rex Maxon. Elle surgissait dans une jungle africaine de fantaisie où, sacrément culottée ! Elle osait lancer des défis au seul vrai roi des grands gorilles, le fils unique d’Alice Greystoke.
Les numéros BD périodiques 6, 7 et 8 qui suivirent dans la « Collection Tarzan » de Del Duca affichent donc TARZELLA pour titre principal et ce n’est que sur la couverture du numéro 9 que le titre TARZAN reparaît pendant que la jolie TARZELLA est reléguée au second plan. Ouf ! Nous autres les garçons l’avions échappé belle ! Pour un peu la cour de récréation de l’École Voltaire aurait été encombrée de cordes à sauter, de jeux de marelle et de jupes plissées ! Le comble !
En ce moment certains musées, dont le Musée Carnavalet de la Ville de Paris, suppriment la numération en chiffres romains auprès des œuvres historiques exposées. Les conservateurs et leurs sous-fifres démocrasseux d’aujourd’hui espèrent-ils contribuer ainsi à nous faire renoncer à l’origine historique gréco-romaine de notre civilisation ? Quoiqu’il en soit, dans la série des TARZAN mensuels, de l’Éditeur Del Duca, les numéros de publication étaient indiqués de la manière antique suivante :
Quarante et un écrit XXXXI et non pas XLI ça nous rappelle le cadran d'anciennes pendules sur lequel le chiffre quatre est écrit IIII plutôt que IV, non ?
Tiens ! Rappelons que les prétendus chiffres arabes de notre arithmétique viennent de l’Inde antique, et que ce sont les Hindouistes qui inventèrent le zéro longtemps avant que les musulmans envahissent l’ancien moyen-orient où ils trouvèrent les fondements abstraits de ce qu’ils appelèrent Algèbre.
Doc Jivaro
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30/03/2021
Tarzanide n° 490
CORSET JUVÉNIL
HACHETTE (oui : l’Éditeur increvable) dans la réédition actuelle des aventurlures françaises de nos PIEDS NICKELÉS vient de me devancer sans le vouloir bien sûr. Effectivement dans son album n° 105 réimprimant l’ancien titre « Les Pieds Nickelés font de la politique » daté de 1911, nous trouvons une page des publicités d’autrefois dont une publiée dans l’hebdomadaire FILLETTE du 17 mai 1917.
Le sujet en est un certain « Corset Juvénil » que les vraies demoiselles de l’époque se devaient d’ajuster au-dessus de leurs hanches, sous le jupon et leur robe, afin de les aider à bien se tenir en public. Lorsque mon père enfant jouait avec deux petites voisines, l’une Jeanne, l’autre Simone, et qu’elles portaient le Corset Juvénil … « C’était rigolo ! » qu’il nous racontait beaucoup plus tard pendant que tournait une partie de cartes avec mes oncles, après le repas du dimanche, et que ma mère, elle, faisait tourner les assiettes pour les essuyer à la fin de la vaisselle.
Doc Jivaro connaît assez bien la collection FILLETTE. Aussi vous présente t’il deux autres réclames en images publiées en l’an 1925.
Celle de gauche appartient au n° 890 de FILLETTE. On conviendra que l’attitude du médecin n’a rien de celle d’un disciple d’Hippocrate : les poings dans les poches il ressemble surtout à un précepteur sévère s’apprêtant à corriger une fillette pour quelque bêtise pourtant venièle. Notez que la gamine est toute nue. On croirait la préparation d’une gravure galante popularisée à l’époque de Louis XV lorsque les lavements étaient à la mode de chez nous et que la Pompadour était surnommée la "pompe-à-foutre" par l’aristocratie d'avant la guillotine. L’autre image, celle de droite, est présente, ici, pour nous rappeler qu’une certaine Melle Suzie fut active parmi les bandes dessinées américaines avec un Corset Juvénil, dans la série fameuse RED RYDER réussie par FRED HARMAN. Chez nous, exista bien quelques albums imagés montrant des gamines affublées du désormais célèbre Corset Juvénil. Par exemple : un yo-yo et ye-yette daté de 1932 et dessiné par Maurice Lemainque.
Ye-yette, ses deux bas bien tirés vers le haut sous sa jupe, se tient perchée sur l’échelle. Est-ce déséquilibré par la surprise d’une révélation inattendue que le garçon Yo-yo perd pied tombant à la renverse dans un tonneau empli dont on ne sait quoi ?
Doc Jivaro
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20/03/2021
Tarzanides n° 489
NUIT R’AMERICAINE
Réalisé sinon réussi par Truffaut (François) ce film français bourré de simulacres, de mensonges entre personnages tire son titre d’un procédé cinématographique visant à tromper le spectateur : lui faire croire qu’il assiste à une scène nocturne alors qu’elle se déroule en pleine journée. Pour obtenir cette illusion optique trompeuse, les techniciens d’Hollywood utilisaient différents filtres placés devant l’œil de la caméra pour uniformiser en les assombrissant les décors et les acteurs. Nous avons tous connu cette supercherie, notamment dans les westerns : Kirk Douglas, Alan Ladd, Mitchum, etc, etc, … Tous sous un soleil lunaire.
Cependant, le pays de Clémenceau et Landru utilisa dans des histoires en images colorées un procédé simple suggérant une ambiance nocturne, longtemps avant les simulations r’américaines. Vérifions ça dans un épisode des PIEDS-NICKELES daté du 23 avril 1914 (eh ouais : 1914).
Le bleu transparent domine et l’on sait que le bleu dans l’inconscient collectif de notre pays a comme une signification de peur (bleue) et d’aveuglement (n’y voir que du bleu). Une telle constante trouve peut-être son origine dans les antiques affrontements entre guerriers gaulois et légionnaires latins : les hommes et les femmes de la Gaule souvent entièrement nus pour batailler, se teignaient parfois de bleu le corps.
Dans les BD de notre jeunesse il se pratiquait aussi, pour suggérer la nuit la division oblique d’une image en deux parties : jaune, bleue. Par exemple, Buffalo Bill dessiné par René Giffey, du 13 janvier 1951 et dans Le Grand Magazine TARZAN.
Doc Jivaro peut bien évoquer ces publications anciennes mais la question aujourd’hui est la suivante chez les producteurs de BD américaines de Marvel : quel acteur va-t-on choisir pour incarner le super héros CAPTAIN AMERICA ? Ce personnage virtuel fut créé dès le début de l’entrée en guerre des Etats-Unis, affrontant simultanément et le IIIe Reich et l’Empire Japonais. Pourvu de lui conserver son bouclier rond invulnérable, les petits blancs décadents d’à présent sont capables de le présenter sous l’aspect d’un Mohammed Ali enroulé dans un tapis à prières, nouveau rouleau compresseur pour écraser tous les infidèles.
Eh bien ! Ça suffira. N’aggravons pas trop notre cas clinique.
Doc Jivaro
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14/03/2021
Tarzanides n° 488
LES DIEUX DU STADE
J'en étais à farfouiller dans mes méninges : quel sujet aborder dans notre Tarzanide d'aujourd'hui ? Et c'est le programme TV de "Toute l'Histoire" en soirée qui m'a fait cadeau d'une réponse : Les Jeux de Berlin.
Les Championnats Olympiques, année 1936, bien sûr. Lorsque la dictature nazie réussissait un spectacle grandiose qui allait servir de modèle pour tous les pays organisateurs qui allaient succéder ; et cela malgré le désastre en mai 1945 d'une Allemagne accusée d'un tout nouveau crime : le crime contre l'Humanité. - ACH !
Deux années après 1936 le magazine français CINÉMONDE affichait pour couverture une photo extraite d'un super-film allemand titré LES DIEUX DU STADE, photo renforcée d'un compliment.
* Légende agrandie pour plus de lisibilité
Film-reportage réalisé par une jolie femme sportive de haut niveau autant qu'artistiquement talentueuse et répondant à l'appellation de Leni Riefenstahl, laquelle parvint à s'éviter tout châtiment politique pendant et après le procès dit "de Nuremberg".
- Mais quelle relation entre un film réussi à la gloire du IIIe Reich et la bande dessinée de l'après-guerre, bande dessinée longtemps méprisée par les intellos de droite et de gauche ? Regardons l'ancien magazine mensuel YAK du 6 janvier 1950. Vous en lisez le sous-titre : Les Dieux du Stade.
Eh oui ! nous y sommes revenus. Que ce sous-titre corresponde exactement au titre version française du film hitlérien de Leni Riefenstahl doit quelque peu nous étonner puisque la responsable de la publication YAK se nommait Bernadette Ratier et qu'elle était une résistante gaulliste. L'une des images dans l'illustré rappelle même un salut officiel lors des Jeux Olympiques de 1936.
Dans cette bande dessinée YAK, les enfants de ma génération ne remarquèrent sans doute pas qu'aucune femme ne participe aux épreuves sportives. En cela, cette absence reste conforme à la première réglementation énoncée par notre Pierre de Coubertin qui, se voulant fidèle à l'origine grecque et païenne des Jeux Olympiques, excluait toute présence féminine dans les performances physiques.
Même dans le public chez nos ancêtres athéniens, les femmes n'étaient pas admises. Heureusement Il pouvait y avoir des exceptions comme chez les philosophes péripatéticiens amateurs de courtisanes. Mais ceci est une autre histoire (aurait dit Kipling).
Doc Jivaro
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09/03/2021
Tarzanides n° 487
Loft-Story
Loana ? Loana ? d'où donc ai-je retenu ce prénom féminin pas du tout familier à ma scolarité ? Mes petites copines répondaient présentes à Nicole, Bernadette ou encore Mireille. Mais peut-être que qu'avec vous une Loana jouait à cache-cache, le jeu qui évolue jusqu'à jouer au docteur ? D'autant qu'aujourd'hui ce prénom évoque tout un collectif de jeunes gens jouant des pieds et des mains dans une piscine javellisée espionnée par des caméras : Alors comme ça on raconte que votre Loana a oublié son dentier dans des toilettes où elle avalait des pilules bourrées d'un tranquillisant ?
L'autre Loana, ma mienne de Loana, c'est celle présente sous forme d'une BD dans un journal hebdomadaire de grand format ne comptant que quatre pages : « Les aventures de Paris-jeunes » dont le numéro 1 fut commercialisé le 30 mai 1945. les récits en images n'étaient pas captivants, leurs dessins encore moins. Heureusement, par la suite, l'éditeur revint aux séries américaines qui avaient déjà fait son succès à la fin des années 1930. Ainsi le Fantôme du Bengale, Raoul et Gaston, Lone Ranger, etc.
Toutefois, Loana ne fit son apparition qu'avec le numéro 126 du 8 novembre 1948. Le graphisme était signé de Carlo Marc, lequel exhibait une jolie fille non dénuée d'érotisme, à peine vêtue d'une mini-jupe ornée de fleurs sauvages. Elle affrontait dans la jungle de Bornéo les envahisseurs militaires japonais dirigés par Tojo surnommé Lame de rasoir. Scénario alors assez fréquent dans nos bandes dessinées au sortir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Par exemple : Buck Danny dans Spirou, ou encore Sergent Garry des Éditions Artima.
Auprès des gamins le charme de Loana opéra. Sans doute même les responsables du journal « Les aventures de Paris-jeunes » imaginèrent-ils en modifier le titre pour le remplacer par le prénom de l'héroïne en tenue légère. C'est ce que permet de supposer le numéro 4 de 1949 où le visage rayonnant de Loana apparaît centré en dessous de l'en-tête d'une nouvelle série.
Comme toute ses rivales (" Les filles de la jungle " également présentes dans le cinéma des années 40 et 50) Loana devait disparaître mise à mort par la Loi de 1949. Son créateur Carlo Marc essaya bien de la prolonger en la rendant pudique, pantalon long et corsage boutonné jusqu'au cou. Cependant rien ne la sauva d'une censure qui durant plus de dix ans obligea à rendre invisibles toutes les jolies filles dans les illustrés destinés aux garçons.
Image Loana condamnée au bleu de travail : prolétarienne de service sous le contrôle de Maurice Thorez et du Chanoine Kir.
Doc Jivaro
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07/03/2021
Tarzanides n° 486
Cachez ce sein ...
En avril 1967 et sous la direction de Claude Moniterni, fut édité le catalogue relatif à la grande exposition BANDE DESSINÉE ET FIGURATION NARRATIVE qui ouvrait dans le Musée des Arts Décoratifs, rue de Rivoli, Paris-Ier.
Les auteurs ne manquèrent pas de dénoncer sur deux pages (138 et 139) les ravages que la censure votée en Juillet 1949 infligeaient à nombre d'images BD éditées en France. A titre d'exemple voici la Princesse N'ani, créée par Brun Hogarth mais mutilée par les partenaires occasionnels catholiques et communistes retardant le plus possible l'émancipation sexuelle de notre enfance.
Le catalogue étant imprimé en noir et blanc, ses responsables ne nous donnèrent pas à voir une autre image, celle-ci en couleur et témoignant de la férocité des censeurs. La voici ci-dessous extraite du numéro 528 de Spirou, année 1948.
On ne devrait pas avoir à rappeler que les vertus de pudeur, de décence, etc. proviennent de barbares tortures, mutilations, etc. et que nos lointains ancêtres apprirent à cacher leurs organes sexuels afin de les présenter le moins possible comme objets de convoitise devant leurs agresseurs. En fait et pour en revenir à cette simple image, ce n'est peut-être pas la poitrine de la jolie N'Ani que les tortionnaires auraient dû supprimer mais l'avant bras au premier plan du dessin : ne croirait on pas qu'il fait symboliquement allusion à un pénis énorme, celui de TARZAN ?
Burnes Hogarth n'était pas Michel Ange ! contrairement à ce qu'affirment ceux et celles qui abusent de compliments en sa faveur : non seulement il est étourdi en mélangeant les jambes de la femme et les pattes du lion (une patte arrière du fauve apparaît comme jambe de la pin-up) mais encore et surtout sa pratique fantaisiste de la myologie ne peut en rien convaincre celui qui a lu et relu le Traité d'Anatomie Artistique de Paul Richer (1890).
Doc Jivaro avait préparé un sujet tout autre que celui-ci qu'il vient d'improviser. Il faudra bien qu'un jour prochain il argumente pour se justifier de parfois choisir la manière naïve mais finalement robuste de Rex Maxon plutôt que le style kitsch Art Floral maniéré signé de l'esbroufeur Burnes Hogarth.
Doc Jivaro
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